Enceinte, je peux être connasse

mercredi 30 octobre 2013


Que ceux qui pensent que les femmes enceintes sont comparables à de petits Bisounours poilus, rosés, et fleuris me laissent rire. Une femme enceinte est tout sauf gentille. C'est vrai, pour ma part je sens clairement une montée d'agressivité et d'égoïsme (n'ayons pas peur des mots). Je ne me suis jamais aussi peu laissé faire depuis que mini-princesse est dans mon ventre, quitte à exagérer parfois. C'est comme si j'étais devenu un vaisseau transporteur de la plus haute importance et que ma mission première était de protéger cette enveloppe corporelle que je suis, afin que mon précieux voyageur se développe bien "à l'intérieur". Cela peut être bénéfique parfois, car je me sens pousser des ailes, et je ne ressens plus autant certaines peurs. Je n'ai plus la crainte que l'on me stoppe, j'avance, je persiste, je réussis. En revanche, les personnes qui croisent mon chemin ne voient pas que d'un bon œil cet afflux de confiance en soi. J'arbore fièrement mon ventre rond, et gare à quiconque le frôlerait ou pire, s'y cognerait par mégarde. Je mords. Ce que je redoute le plus ce sont les gens, j'en avais déjà un peu parlé ici |clic|. Mais je dois avouer que je ne leur fais aucun cadeau. Cela passe par une insulte en voiture pour le chauffard qui a failli me rentrer dedans, un regard noir au type qui me reluque avec insistance alors que je suis PRISE et ENCEINTE, une main qui s'agite parce qu'un vieux derrière moi m'a soufflé son haleine fétide en pleine poire, une réprimande à cette secrétaire médicale parce que -selon moi- elle ne fait pas bien son travail et se permet de me prendre de haut, demander aux jeunes qui mangent en terrasse à côté de nous de changer de table parce que je reçois leur fumée, j'en passe et des meilleures (mais j'ai honte). Vous avez compris, c'est un fait.  Enceinte, je suis une véritable connasse. A défaut de me rassurer en trouvant une édition spéciale de "La femme parfaite est une connasse" quelque peu modifiée en "La femme enceinte est une (véritable) connasse", je suis tombé par hasard sur les sketchs de Camille Cottin interprétant dans les rues de Paris le personnage exécrable d'une petite conne sans gêne. J'ai adoré. J'ai ri. Parfois, très honteusement, j'ai failli me reconnaître. Et puis non, je l'ai trouvé pire. De quoi se sentir angéliquement hypocrite. 


Je vous laisse regarder ?  




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